Les Pandas sont-ils carnivores ?

  • 12 March 2021 · 8 minutes read

Le panda géant est un carnivore devenu herbivore, mais les scientifiques ne savent pas pourquoi. Les pandas ne peuvent consommer que du bambou, mais assimilent presque les mêmes nutriments que les loups. Des études montrent que les pandas ont perdu …

Les Pandas sont-ils carnivores ?

Le panda : un carnivore devenu herbivore

Les pandas ont beau ne se nourrir que de bambou, ils assimilent en fait exactement les mêmes nutriments que… les loups. Une surprise pour les biologistes.

Le panda géant, alias Ailuropoda melanoleuca, serait donc un carnivore qui s’ignore ! Un carnivore qui se goinfre de bambou quatorze heures par jour, en avalant quotidiennement une dizaine de kilos… Un paradoxe qui conduit à s’interroger : et si le panda géant, emblème des animaux en voie de disparition, était une impasse évolutive ? Une erreur de la nature ?

Le doute est permis. Prenons son système digestif. Casser de longues chaînes de polymères comme la cellulose et en extraire un maximum d’éléments nutritifs exige normalement de multiplier les chambres de digestion. Mais « alors que les herbivores ont évolué en allongeant leurs intestins de manière à augmenter le temps de rétention du matériel végétal, le panda, lui, possède un appareil gastro-intestinal court, droit et simple, typique d’un carnivore », relève Zheng sheng Xue, microbiologiste à l’université de Shanghai.

Pourquoi le panda géant s’est-il tourné vers ce régime particulier ?

Les fossiles d’Ailurarctos, le plus ancien ancêtre connu du panda géant qui vivait il y a 8 millions d’années environ (fin du Miocène), ont révélé qu’il vivait près des marais et ne se nourrissait pas entièrement de bambous.

Une branche d’Ailurarctos a évolué en Ailuropoda microta, une forme plus petite du grand panda actuel, mais un peu plus grande qu’Ailuractos, qui occupait de larges aires dans le sud-ouest, le sud, le centre et le nord-ouest de la Chine. Cette expansion de la population il y a environ 3 millions d’années lorsqu’A. microta émerge coïncide avec le changement alimentaire vers le bambou.

L’étude des fossiles a montré qu’Ailuractos lufengensis vivait dans des marais manquants de bambous tandis qu’A. microta se nourrissait principalement de bambous en témoignent des adaptations du crâne et de la dentition. A l’époque d’A. microta, le climat était chaud et humide, favorisant ainsi la propagation des forêts de bambous.

C’est seulement parce que le grand panda s’est retiré dans un environnement écologique unique dans la dernière phase de son évolution qu’il a commencé à se nourrir principalement de bambous, abondants, facilement accessibles et disponibles toute l’année, et ce choix permet également d’éviter des compétiteurs alimentaires.

Ces éléments fournissent une explication écologique à cette transition d’un régime sans doute carnivore à un régime de plus en plus spécialisé avec des bambous qui occupent une part de plus en plus importante de son régime alimentaire. Mais que disent les gènes ?

En décembre 2009, les scientifiques chinois ont annoncé avoir séquencé le génome du panda géant. Vont s’en suivre des études plus spécifiques notamment pour comprendre via les gènes le mécanisme de l’évolution du régime alimentaire du panda géant.

Les scientifiques ont notamment découvert que le grand panda avait perdu sa capacité gustative nécessaire pour apprécier la viande. Chez les mammifères, cinq saveurs fondamentales permettent d’identifier les aliments et leur valeur nutritive : le sucré, le salé, l’acide, l’amer et l’umami (d’un terme japonais signifiant délicieux). Cette dernière saveur est produite par le contact des récepteurs des papilles gustatives avec l’ion carboxyle de l’acide glutamique (glutamate), un acide aminé qui caractérise les aliments riches en protéines, tels la viande ou le fromage. Or, chez le grand panda, l’un des trois types de récepteurs à l’acide glutamique, T1R1, n’est pas fonctionnel en raison de mutations du gène correspondant. Ainsi, la perception de l’umami ne serait pas fonctionnelle chez le grand panda à cause d’une mutation génétique ce qui expliquerait au moins en partie que cet ursidé ne soit pas vraiment carnivore alors qu’il possède toutes les enzymes pour cela. Selon cette hypothèse, il serait donc devenu herbivore par défaut.

Mais cette hypothèse n’est pas si évidente. En effet, la date de mutation estimée pour ce gène est il y a environ 4,2 millions d’années. Or la transition de régime a été progressive et non instantanée. Elle aurait commencé il y a au moins 7 millions d’années (car l’on sait qu’Ailurarctos se nourrissait au moins en partie de bambous, en témoignent d’ailleurs des dents fossiles) pour se terminer il y a 2 à 2,4 millions d’années (les fossiles découverts à cette période sont très similaires à ceux du panda géant actuel, suggérant que la transition était achevée à cette période). Ainsi, plusieurs auteurs font l’hypothèse que la pseudogénisation de T1R1 serait probablement le résultat, et non la cause, du changement de régime alimentaire.

Ces mêmes auteurs ont démontré que le système métabolique de la dopamine est probablement déficient chez le panda géant, ce qui influencerait le système de récompense lié à l’alimentation (la dopamine agissant positivement sur le cerveau, notamment responsable des phénomènes d’addiction ; la dopamine joue donc un rôle important dans les comportements alimentaires). Les auteurs font l’hypothèse que certains ingrédients du bambou pourraient aider / compenser le métabolisme des catécholamines, notamment celui de la dopamine ; ce qui stimulerait ainsi le circuit de récompense lié à l’alimentation. Ainsi, les auteurs font l’hypothèse que les pandas se seraient tournés vers les bambous pour compenser cette déficience du système métabolique de la dopamine ; les bambous favorisant le métabolisme de la dopamine et donc stimulant le circuit de récompense du cerveau lié à l’alimentation. Des analyses sur les composants chimiques du bambou et leurs effets sur le système nerveux devraient permettre d’en savoir plus.

A ce jour, plusieurs hypothèses sont donc avancées pour expliquer au moins en partie le choix alimentaire inédit du panda géant, mais aucune d’entre elles ne permet d’affirmer qu’elle est la cause de cette transition alimentaire.

Ainsi, à ce jour, les scientifiques ne savent pas pourquoi le panda a initialement changé son régime alimentaire.

Des bactéries digestives peu diversifiées

Les chercheurs avaient ensuite comparé leurs résultats avec des échantillons du microbiote de carnivores (lions, hyènes, tigres…), d’herbivores (chevaux, lapins, kangourous…) et d’ours omnivores. Résultat : le microbiome du panda est plus proche de ceux de l’ours et du tigre que des herbivores. De plus, le panda a une diversité bactérienne plus faible que tous les autres animaux, quelque soit leur régime alimentaire. Une faiblesse puisque, selon le chercheurs, un microbiome diversifié permettrait une meilleure adaptation aux variations de l’environnement. Enfin, la composition de la flore intestinale du panda varie en fonction des saisons, étant moins variée en automne qu’en été, selon les échantillons. Finalement, la seule motivation du panda à manger du bambou serait-elle le goût ? Reste que cette étude laissait de nombreuses questions en suspens, à commencer par la raison pour laquelle des bactéries nécessaires à la dégradation de la viande auraient perduré pendant des millions d’années sans aucune utilité apparente…

Une activité chronophage…

Les pandas digèrent mal le bambou qui passe rapidement dans leur intestin. Ainsi, ils doivent manger fréquemment pour maintenir leur tube digestif plein.

Sachant qu’en général les feuilles de bambou ont six fois la valeur nutritionnelle des tiges, et les pousses deux fois celle des tiges.

Le comportement alimentaire tend à se stabiliser avec l’âge et l’animal devient plus adroit et plus rapide dans sa prise de nourriture lorsqu’il gagne de l’expérience et devient mature. Cette progression dans la stabilité, l’agilité, la rapidité des mouvements lors de la nutrition s’accompagne du développement des dents et d’autres organes du système digestif, de l’augmentation de la force, de l’amélioration des fonctions physiologiques, et l’accumulation de l’expérience alimentaire. En vieillissant, avec l’usure des dents et le déclin d’autres fonctions physiologiques, le comportement alimentaire expérimenté se détériore.

Les sens de l’odorat et de la vue jouent un rôle important durant la nutrition ; notamment dans le choix d’un nouveau secteur de nourrissage. Enfin, le goût intervient aussi.

What do they eat other than bamboo?

Les pandas géants sauvages se nourrissent quasi exclusivement de bambous mais en fonction des opportunités, ils peuvent compléter leur repas de baies, d’œufs d’oiseaux, ou encore de charognes. Il existe même des exemples de pandas entrant dans des villages à la recherche de viande.

Et en captivité ?

En captivité, les pandas reçoivent du bambou à volonté ou presque. Pour imiter ce qui se passe dans le milieu naturel, les types et parties de bambous offerts diffèrent selon la période de l’année, mais aussi parfois selon les goûts de chaque individu.

Les espèces fournies sont soit des espèces locales si elles sont acceptées par les pandas, soit des espèces importées. En Chine, elles proviennent la plupart du temps des montagnes alentours, à l’étranger elles proviennent généralement de bambouseraies horticoles.

Les besoins sont énormes puisque les pandas se voient généralement offrir le double de ce qu’ils consomment. Puisque les bambous sont déjà coupés, ceux qui sont tardivement distribués ou qui restent trop dans un enclos sont délaissés et de nouveaux bambous frais doivent être offerts. La gestion des bambous est donc généralement un défi pour les zoos.

Cependant, à cause du nombre limité d’espèces de bambous fournies en captivité, de même que leur qualité nutritive inférieure, il est nécessaire de compléter l’alimentation des pandas captifs pour combler le déficit nutritif. La nourriture concentrée à base de céréales distribuée en captivité en complément du bambou ne doit cependant pas représenter plus de 10% de l’alimentation, idéalement 5%.

Last updated Apr 16, 2021

You May Also Like

Les pandas sont-ils agressifs ?

Les pandas sont-ils agressifs ?

Dans l’ensemble, le panda est un ours de taille moyenne, mais il peut néanmoins blesser gravement, voire tuer, toute personne qui …